Bon, Le Trône de Fer, j’en entend parler depuis des lustres, et de plus en plus, et toujours en bien. Mon premier réflexe de réticence face au phénomène de masse est depuis longtemps passé, ma curiosité prenant le dessus et étant alléchée par tout ce que j’en entend dire. La série tv m’intrigue aussi.
J’ai donc fini par en attaquer la lecture. Et maintenant que j’ai l’expérience du charcutage éditorial français (suite à mes lectures de Robin Hobb), on ne m’y reprendra pas deux fois: j’ai choisi dès le départ de lire et chroniquer dans l’ordre et le découpage de la V.O. (à défaut de lire la V.O. directement, par manque de temps), selon les 5 tomes initialement conçus par l’auteur plutôt que le grand n’importe nawak des 15 morceaux repris en 5 « intégrales » qui ne font que restituer le découpage original qui n’aurait jamais dû être explosé de la sorte. Mais bon, passons ^^
Après avoir tué le monarque dément Aerys II Targaryen, Robert Baratheon est devenu le nouveau souverain du royaume des Sept Couronnes. Tandis qu’en son domaine de Winterfell, son fidèle ami le Duc Eddard Stark rend paisiblement la justice. Mais un jour, le roi Robert lui rend visite, porteur de sombres nouvelles : le trône est en péril. Stark, qui s’est toujours tenu éloigné des affaires du pouvoir, doit alors abandonner les terres du Nord pour rejoindre la cour et ses intrigues. L’heure est grave, d’autant qu’au-delà du Mur qui protège le royaume depuis des siècles, d’étranges créatures rôdent.
Mais comment protéger le roi Robert Baratheon des complots alors que celui-ci, imprévisible, n’aspire qu’à braver le danger ? Comment imposer la paix à des barons qui ne rêvent que de batailles et de pouvoir, et de plus, comment résister a cet engrenage infernal alors qu’au-delà des mers, une armée s’assemble pour fondre sur le royaume ?
Le chaos et la guerre semblent inévitables…
De tout ce qu’on m’avait dit, j’avais aussi retenu quand même deux a-priori négatifs: la traduction des premiers tomes qui paraît-il pouvait laisser à désirer, et la complexe multitude de personnages à rattacher à leurs familles et clans, ainsi que leurs alliances et tensions, et bien sûr leurs intérêts et devoirs personnels.
Comme je n’ai pas lu la V.O., je ne peux pas juger de la fidélité de la traduction, mais elle ne m’a pas fait tiquer. Certaines tournures (pseudo-)archaïques sont effectivement spéciales, mais ça ne m’a pas dérangé, bien au contraire!
Et je n’ai eu aucun mal à m’y retrouver dans les personnages, certes nombreux et avec des liens de parenté et d’arrangement et des intérêts multiples, et souvent désignés tantôt par des diminutifs, tantôt par leur nom plus ou moins complet ou des paraphrases, mais tous bien marqués de leur identité propre qui aide à les repérer.
Pour le reste, ma foi, c’est assez plaisant, ça tient plutôt bien en haleine… L’univers de dark med, si j’ose tenter une étiquette, est bien planté, les intrigues aussi avec toutes les implications imbriquées, les revirements et les tactiques dans le jeu des trônes et des vies, et les personnages sont tous très intéressants et bien creusés.
J’ai une nette préférence pour Tyrion, le nain retors et sarcastique, et Arya, la garçon manqué qui s’échappe des convenances à la moindre occasion.
J’aime beaucoup Luwin, la figure de vieux-barbu-sage-espiègle que j’affectionne à peu près partout où il y en a un représentant
J’aime beaucoup aussi Daenerys, la princesse déchue que son frère fou martyrise, la khaleesi aux oeufs de dragon. Elle me touche particulièrement, et je la sens très prometteuse.
Par moments j’aime bien Jon Snow et sa lucidité de marginal par son staut d’enfant bâtard, mais il tombe un peu trop dans le mélo à mon goût… Tout comme Ned Stark, toujours pris entre deux feux.
Les tournois de joute m’ont rappelé ma lecture d’Ivanhoé quand j’étais ado
Mais j’ai plus aimé les batailles
En général je m’ennuie vite des manigances et autres jeux d’influence et de pouvoir, mais ici c’est si bien foutu et omniprésent que je me suis laissée embarquer sans aucune réticence.
Je suis très intriguée par la Garde de Nuit, les Autres, et cette ancienne religion avec les arbres-dieux…
Et, bien sûr, je suis curieuse de voir comment tout ce petit monde va évoluer, pour s’en sortir ou plonger, conquérir ou prendre sa revanche, etc etc…
En un mot: j’ai hâte de lire la suite
(et de passer à la série après).
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* Le coin des citations *
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« Je te jure, il est mille fois plus dur de régner que de conquérir un trône.
Je ne sache rien de si ennuyeux que de faire des lois, hormis compter des sous. Et le peuple… Avec lui, c’est sans fin. Assis sur ce maudit siège de fer, il me faut écouter geindre jusqu’à en avoir la cervelle gourde et le cul à vif. Et tous demandent quelque chose, argent, terre, justice. Des menteurs fieffés… Et les gentes dames, les nobles sires de ma cour ne valent pas mieux. Je suis entouré d’imbéciles et de flagorneurs. De quoi devenir fou, Ned. La moitié d’entre eux n’osent pas me dire la vérité, les autres sont incapables de la trouver. Il m’arrive, certaines nuits, de déplorer notre victoire du Trident. Bon non, pas vraiment, mais… »
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« [Mestre Luwin] C’était un petit homme gris aux yeux gris, vifs et pénétrants. L’âge avait passablement clairsemé ses mèches grises. Sa robe de laine grise à parements de fourrure blanche l’avouait assez de la maisonnée. De ses longues manches flottantes munies de poches intérieures où il ne cessait de fourrer des objets, le vieil homme extrayait avec la même prodigalité tantôt des livres, tantôt des messages ou bien des tas de trucs bizarres ou encore des jouets pour les enfants, tant de choses enfin que Catelyn s’émerveillait toujours qu’il pût encore lever, si peu que ce fût, les bras. »
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« – Que le gosse survive, il sera infirme. Pire qu’infirme. Un repoussoir. Parle-moi plutôt d’une bonne mort proprette.
Tyrion ne daigna répondre que d’un haussement d’épaules qui souligna sa difformité.
– En matière de repoussoirs, tu me permettras d’avoir un autre avis. La mort a quelque chose d’effroyablement définitif. La vie ouvre, elle, sur d’innombrables virtualités. »
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« Tous les corridors mènent quelque part. Toute entrée implique l’existence d’une sortie. La peur est plus tranchante qu’aucune épée. »
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« Les rues de Port-Réal étaient sombres et désertes. La pluie les avaiet vidées. Chaude comme du sang, opiniâtre comme de vieux remords, elle battait la tête de Ned et gouttait à grosses gouttes sur son visage. »
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