[BD] La Ligue des Gentlemen Extraordinaires (Alan Moore & Kevin O’Neill)

Quand on s’intéresse au steampunk, l’une des références qui revient souvent est cette BD, ou plutôt ce comics, qui a inspiré ensuite bien d’autres oeuvres sous toutes les formes.

Avant de tester le roman d’Estelle de Gomis qui avait déjà atteint ma PAL à la force de sa jolie couverture, et de jeter un oeil au DVD que j’emprunterai quand le temps sera venu, je voulais donc commencer par la source, dont la couverture a effectivement déjà de quoi intriguer:

 
1898. Un certain Bond, agent du gouvernement, mandaté par son supérieur, le mystérieux M, engage Wilhelmina Murray. Sa mission consiste à réunir une poignée de personnes hors normes afin de contrer les agissements d’un dangereux mafieux asiatique. Ce dernier se terre dans Londres qu’il menace depuis qu’il s’est emparé de cavorite, étrange substance permettant de faire voler n’importe quoi.
 
Confier la protection du Royaume d’Angleterre au Dr Jekyll, au capitaine Nemo, à Allan Quatermain et à l’homme invisible, sous la direction de l’impassible Mina Murray? Un défi culotté et efficace qui a enthousiasmé les lecteurs entre 2000 et 2007

  Pendant le RAT d’avril 2011, je l’avais déterré de ma PAL et enfin lu.

 Mais ma chronique était encore à faire, alors cette semaine je l’ai ressorti et je l’ai relu.

A la première lecture, mon avis avait été plutôt mitigé – il faut bien dire que j’ai généralement autant de mal avec les comics qu’avec les mangas: je n’aime pas ce côté forcé, « surjoué », et le style graphique est souvent loin de m’accrocher vraiment, or le côté esthétique a toujours été très important pour moi, consciemment ou pas (même dans les BD d’humour! – je préfère un mouvement fluide et réaliste plutôt que des stylisations, grossières ou recherchées).

Il n’y avait donc rien pour me séduire de ce côté-là, et je pense que c’est surtout ça qui m’avait empêché de passer outre et voir plus loin, et j’étais donc restée sur une impression dubitative.

A la relecture, tout en guettant les pages et cases à sélectionner pour cette chronique, j’ai finalement réussi à passer ce cap, et j’ai beaucoup plus apprécié ce livre.

D’abord pour cette équipe extraordinaire de grands héros de la littérature: Mina Harker du Dracula de Bram Stoker (divorcée et bien plus battante), Hawley Griffin qui n’est autre que l’Homme Invisible, Nemo le capitaine qui est ici un indien rebelle et indépendant, ou encore le Dr Jekyll et son double monstrueux Mr Hyde…



Chacun a ses grands travers et peut se révéler redoutable, autant qu’incontrôlable.
Mention spéciale à Griffin et Hyde sur ce plan-là, tous deux foncièrement mauvais et sournois…

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« L’humanité est pitoyable! Si seulement elle pouvait devenir invisible à ma place.
– Quelle piètre opinion vous avez de l’humanité, monsieur. C’est sans doute la raison pour laquelle vous avez opté de nier la vôtre. »

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Seule Mina semble dégager une force de caractère assez implacable pour imposer un semblant de cohésion dans cette petite troupe hors du commun.

Avec son élégance et sa froideur naturelles, son silence sur son passé et son soin à toujours dissimuler son cou derrière un foulard ou un col montant, elle est une version endurcie et affinée du personnage original plutôt barbant, et développe exactement tout ce qui en faisait le potentiel aventureux: ça fait plaisir!

C’est d’ailleurs ça qui est intéressant: ici, ces grandes personnalités archétypales ne se cantonnent pas à camper leur silhouette caractéristique pour ajouter à l’ambiance. (ce qui est déjà un ingrédient que j’apprécie toujours au plus haut point, et qui fait partie intégrante de ma vision du steampunk – je me demande d’ailleurs si je ne vais pas remanier mon steampunkomètre dans ce sens)

Ils sont réellement ré-appropriés, mis en situation et confrontés à ces nouvelles aventures, ils sont vivants.
C’est bigrement réussi et tout à fait remarquable!

 

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« Bond nous prend pour des pions. Il croit que personne ne voit dans son jeu. Je suis personne. Et je vois tout… Jouer avec Nemo, c’est jouer au jeu de la destruction. »
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On ajoute à ça une ambiance particulièrement soignée et très steampunk, avec le merveilleux Nautilus, la bataille aérienne, le Londres uchronique et victorien…

  

…la garde-robe et le maintien des personnages… 

 

 
…jusqu’aux accroches et clôtures d’épisodes bien à l’ancienne, petit détail que j’adore!
 


 
D’ailleurs heureusement que cet exemplaire que j’avais emprunté est une réédition qui comprend les volumes 1 à 6, chaque épisode pris séparément me paraît bien trop court et frustrant pour les lire à intervalles plus ou moins longs… Argh!
 
Dans la même veine, il y a aussi des bonus très rigolos et « clin d’oeil » sur les plats intérieurs, avec un modèle de peinture par numéros représentant Dorian Gray, et un jeu de l’oie fantastique.
 
Résultat: il m’aura fallu bien du temps et de la relecture attentive pour l’apprivoiser, mais maintenant je suis bel et bien mordue: j’ai très envie de m’acheter mon exemplaire à moi, et de m’intéresser à la suite!
 
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Il va de soi que ce livre est tout indiqué pour le Défi Steampunk:
 

 
J’en profite donc au passage pour remanier légèrement ma version du mano-steampunkomètre, avec la dernière catégorie « Manomètre (cadrans de mesure) » qui me semble plutôt mineure et répète déjà les aspects mécaniques, remplacée par « Célébrités d’époque », pour les personnages littéraires, d’auteurs ou historiques que l’on croise parfois dans les univers steampunk.
 
Ca nous donne globalement pour cette BD:
 
– Technologie uchronique = 10/10 > oui! la cavorite n’étant pas des moindres
– Dirigeables = 7/10 > oui (malgré la seule absence de zeppelins)
– Automates = 0/10 > nope
– Goggles = 0/10 > non, pas le genre de la maison ^^
– Machines à vapeur = 4/10 > hmm, pas si clairement que ça, mais un peu quand même, si.
– Savant fou = 8/10 > on peut dire oui, je pense.
– Ère victorienne = 10/10 > totalement!
– Métal riveté (mécanique) = 10/10 > tout plein!
– Engrenages = 2/10 > non, là, moins.
– Célébrités d’époque = 10/10 > no comment ^^
 
Ce qui nous fait un total de steampunkitude de: 61%
 
J’aurais pensé plus, mais ça tend plus sur l’uchronique et l’ambiance historique, en fait…

 

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